[Colloque "Gérer notre planète"]

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP1849B 04
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique L'évènement du week-end [23-24 janvier 1988] dans la région aura été sans conteste le colloque "Gérer notre planète", organisé à Vienne par le groupe des experts socialistes. Un groupe pour le moins compétent, qui enrichissait sans le moindre doute, la réflexion d'hommes comme Louis Mermaz, député-maire de Vienne, ancien président de l'Assemblée nationale, secrétaire national aux élections du PS, et Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti socialiste, qui témoignait par sa présence de l'intérêt porté par le PS à ce colloque, monté dans le département que gère Alain Carignon, par ailleurs ministre de l'Environnement. En effet, si les propos des experts étaient tout-à-fait apolitiques, les thèmes développés par les politiques constituaient autant de pierres jetées dans le jardin du maire de Grenoble... Devant un parterre complet, puisqu'il comprenait Claude Allègre, président du groupe des experts, Gérard Megie, directeur de recherches au CNRS, l'architecte Roland Castro, le professeur bruxellois Edgar Picciotto, Alain Bombard, Michel Monsel et Robert Chapuis, députés, René Souchon, Louis Le Pensec, Christian Nucci et Henri Nallet, tous anciens ministres, Louis Mermaz, dans son discours d'ouverture, lançait : "L'on est désormais très loin de l'écologie romantique d'il y a quelques vingt ans, même si l'on voit, avec le recul du temps, combien ce mouvement a pu jouer un rôle positif dans notre prise de conscience". Des propos destinés bien évidemment à Brice Lalonde, qui intervenait l'après-midi entre deux anciens ministres... Si "la protection de l'environnement est enfin (...) perçue comme un tout", "sur tous ces plans, notre pays aura connu entre 1981 et 1986, des avancées qu'aucun observateur objectif ne songerait à nier. Nos camarades Michel Crépeau et Huguette Bouchardeau (...) ont mis en oeuvre une politique de l'environnement lucide et volontariste". Louis Mermaz, que l'on a vu récemment accueillir, toujours à Vienne, François Mitterrand, ne s'arrêtait pas en si bon chemin, puisqu'il rendait "un hommage appuyé au fantastique travail de fourmi accompli par les diverses missions", et citait à ce titre Hubert Dubedout, qui a dû se souvenir toute sa vie de la façon dont le même Louis Mermaz lui a laissé perdre la mairie de Grenoble, justement au profit d'Alain Carignon. Hubert Dubedout aura d'ailleurs attendu en vain un maroquin ou une présidence de commission à l'Assemblée nationale... Quoi qu'il en soit du génie politique de Louis Mermaz, celui-ci déclarait [le 23 janvier] dans sa commune : "Mais depuis 1986, nous avons hélas assisté, comme dans bien des domaines, à une remise en cause des acquis dès le budget de 1987, puis, devant les dégâts ainsi causés, à une timide tentative de rattrapage avant les échéances électorales du printemps prochain". Lionel Jospin refusait d' "opérer une synthèse qui est impossible et qui n'apparaît pas souhaitable". Il retenait donc quelques idées dans "le contexte où ces questions sont abordées par nous", tout en se chargeant de "poser le problème entre les socialistes et l'écologie", et en émettant quelques observations sur la gestion de notre planète". Le premier secrétaire soulignait "la conscience et l'intuition du décalage formidable entre le rythme de la vie politique et les grands cycles géologiques et biologiques". Lionel Jospin tentait d'expliquer pourquoi la France n'avait pas connu d'aussi grands mouvements écologistes que nos voisins, et reconnaissait l'écologie comme une valeur socialiste : "Nous ne voulons développer aucune espèce de récupération, mais l'écologie a sa place dans l'une de nos dix ou douze exigences de réflexion". Car "l'essence du socialisme, c'est la lutte contre les inégalités", l'écologie se révélant à ses yeux comme un moyen privilégié. En effet, toute monde est intervenu à Vienne sur l'approches des grands problèmes, qui dort être aussi économique qu'écologique, sur un ministère de l'Environnement doublé ou non d'une agence indépendante "à l'américaine", avant que Lionel Jospin développe "la nécessité pour la France de rattraper son retard sur le plan législatif, par rapport à certains de ses voisins européens". Un bel exercice de style, doublé d'une réflexion - au-delà des manoeuvres politiciennes de rigueur à quelques semaines de l'élection présidentielle - de très grande classe. Source : "Les socialistes se mettent au vert" / Philippe Gonnet in Lyon Figaro, 25 janvier 1988, p.4.

Retour